Les Cahiers de la Guitare et de la Musique

French classical guitar publication, no.57 1996
by Alan Miteran

Voici un C.D. plein de qualité avec un fil conducteur astucieux puisque sont réunis ici quelques-uns des nombreux guitaristes-compositeurs ayant élu domicile, pour un temps plus ou moins long, à Paris. Le programme est varié et savamment dosé proposant des oeuvres très connues comme le Thème varié et final de Manuel M. Ponce, la Saudade no. 3 de Roland Dyens, quatre mouvement de la Suite populaire brésilienne de Villa-Lobos et y ajoutant des compositions beaucoup moins jouées: deux Divertissements de Carulli, la sixième fantaisie de Sor Les Adieux, deux pièces de Llobet, l’une composée quand il avait 18 ans Romanza et l’autre plus tardive Scherzo-valse, la Valse favorite, op.46 de Napoléon Coste et Quatre Images de Takashi Ogawa. Le tout est magistralement interprété par le jeune guitariste allemand Thomas Koch, ancien élève d’Alberto Ponce, qui, grâce à ce grand tour d’horizon, peut nous montrer qu’il peut être brillant et avec facilité dans les traits de virtuosité et expressif avec une sonorité très chaleureuse dans les mouvement plus lents. Tout est clairement exprimé et Roland Dyens doit être particulierement content d’entendre cette version de sa Saudade. Le Scherzo-vals de Llobet est aussi un très bon moment car les difficultés qui abondent dans cette pièce sont parfaitement gommées par une sorte d’espieglerie qu’y met l’interprète. Thomas Koch sait parfaitement adapter, comme le voulait Villa-Lobos, le côté “chôro” aux anciennes danses européennes (Mazurka, Gavotta, Valsa et Scottish) en les ralentissant légèrement. Dans le Quatre Images du compositeur japonais Takashi Ogawa, sorte de petits préludes impressionnistes d’un modernisme sage, Thomas Koch trouve des sonorités étranges, voulues par le compositeur (désaccord de la guitar, petits morceaux de bois entre les cordes...), qui font de ce souvenir particulier de Paris, un moment exotique. De la tres belle guitare au service d’un tres beau programme.